Avec l’évolution de l’espérance de vie, les personnes âgées font de plus en plus face à des problématiques liées au vieillissement. Les industriels de l’agroalimentaire et de la “Silver Food” sont confrontés à de nouveaux enjeux : comment formuler des produits alimentaires adaptés, à la fois aux besoins nutritionnels et particularités des seniors, ainsi qu’à la prévention des maladies neurodégénératives ? Voici quelques pistes de réflexion.
Définition, causes et conséquences des maladies neurodégénératives chez les personnes âgées
Une définition mais de nombreuses pathologies
Le cerveau, siège des facultés intellectuelles, est l’organe du système nerveux central. Il apparaît ainsi comme un centre de contrôle, qui reçoit des influx nerveux et qui commande en retour les mouvements corporels volontaires et involontaires.
Par définition, les maladies neurodégénératives regroupent les pathologies liées à un dysfonctionnement du tissu nerveux, conduisant à la destruction progressive des neurones, du cerveau et la moëlle épinière.
Vivre plus longtemps ne signifie pas forcément “bien vieillir”. La prévalence des pathologies neurodégénératives s’est développée, avec l’occurrence des troubles de comportement chez les seniors.
Des conséquences psychiques mais aussi motrices
À mesure que les neurones se détériorent, un individu peut d'abord éprouver des symptômes relativement bénins - problèmes de coordination ou de mémorisation. Mais les symptômes peuvent s'aggraver progressivement. Dans certains cas, les patients perdent la capacité de marcher, de réfléchir ou de fonctionner en société. Le tableau clinique des maladies neurodégénératives, c'est-à-dire "la liste la plus précise possible des caractéristiques, symptômes et signes d'états pathologiques cliniquement observables", peut montrer :
- Une atteinte des fonctions psychiques aboutissant à la démence. C’est le cas de la maladie d'Alzheimer ou la maladie de Pick.
- Des anomalies motrices, par exemple avec la sclérose latérale amyotrophique ou la maladie de Parkinson.
- L’association d’une atteinte des fonctions psychiques et des fonctions motrices pour la maladie de Huntington ou de Creutzfeldt-Jakob.
En l'absence de traitement curatif disponible à ce jour, l'évolution peut conduire vers un état grabataire dont les complications conduisent au décès. De nombreuses situations et pathologies altèrent l’équilibre physiologique de l’organisme et favorisent la survenue des maladies neurodégénératives. On peut citer, à titre d’exemple, le diabète causant une neuropathie périphérique et/ou végétative à un stade avancé.
A lire aussi : Ostéoporose et alimentation des seniors.
Etiologie des maladies neurodégénératives
Une histoire de génétique ?
Certaines maladies neurodégénératives ont pour unique cause une mutation génétique. Parmi elles, on peut citer, par exemple, la maladie de Huntington et la maladie de Charcot-Marie-Tooth mais leur prévalence est faible.
Des infections en cause
Les infections bactériennes, virales, fongiques ou parasitaires peuvent affecter le système nerveux. Les symptômes neurologiques peuvent être provoqués par l’infection elle-même ou par la réponse immunitaire.
Ainsi la maîtrise de l’hygiène au cours de l’élaboration des produits alimentaires par les industriels de la Silver Food mais aussi par le personnel soignant et les aidants, est donc d’autant plus importante pour éviter la contamination chez cette population sensible.
Des causes idiopathiques … et chimiques ?
Les maladies neurodégénératives surviennent aussi pour la plupart de manière idiopathique, c’est-à-dire qu’elles n’ont pas de causes identifiables. Par ailleurs, des produits chimiques (pesticides, métaux lourds) ou des prions ont aussi été identifiés comme responsables de maladies neurodégénératives chez certains patients.
À savoir : Des études montrent l'interaction de certains composés avec les traitements pharmaceutiques qu’utilise ces populations. C’est pourquoi, les industriels doivent privilégier le clean label dans leur formulation produit.
Constats épidémiologiques
A l’échelle mondiale, près d’un milliard de personnes sont atteintes de troubles neurologiques. Selon l’Institut du Cerveau et de la Moëlle-Epinière (ICM), on constate que 47,5 millions de personnes souffrent de démence, avec 7,7 millions de nouveaux cas chaque année. La maladie d’Alzheimer serait en tête de liste avec 60 à 70% des cas. Les maladies neurodégénératives touchent essentiellement les personnes de 65 ans et plus. Avec le vieillissement de la population, cette prévalence risque de croître dans les années à venir.
Un besoin urgent se fait donc sentir dans le domaine de la “Silver Food”. En effet, améliorer son alimentation est l’un des comportements les plus faciles à adopter et les plus efficaces pour favoriser un vieillissement en bonne santé et lutter contre ces pathologies.
C’est pourquoi l’industrie agro-agroalimentaire peut jouer un rôle déterminant en développant des produits adaptés à l'alimentation des seniors, c'est-à-dire à leurs besoins nutritionnels, et qui participe à la prévention des maladies neurodégénératives.
QUELS PRODUITS FORMULER POUR UNE ALIMENTATION DES SENIORS PRÉVENTIVE DES MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES ?
La santé du cerveau se construit tout au long de la vie
Chez l’enfant, la vitamine B9 participe à la formation du tube neural. Aussi,chez l’adolescent, les acides gras polyinsaturés oméga 3 et oméga 6 sont indispensables à la mémorisation et à l’apprentissage. Par ailleurs, à l’âge adulte, les omégas 3 et 6 ainsi que l’EPA et la DHA favorise le maintien d’un bon système cardiovasculaire et cérébral. Enfin, chez les seniors, les oméga 3 et la vitamine A jouent un rôle protecteur sur les cellules du cerveau.
Quels ingrédients nourrissent notre cerveau ?
Les lipides insaturés
Les acides gras mono et polyinsaturés, contribuent à une bonne santé du système nerveux. Les lipides EPA et le DHA disposent d’ailleurs d’allégations de santé, légiférées par le RÈGLEMENT (UE) No 432/2012 DE LA COMMISSION du 16 mai 2012.
L’acide docosahexaénoïque (DHA) contribue au fonctionnement normal du cerveau. Cette allégation ne peut être utilisée que pour une denrée alimentaire contenant au moins 40 mg d’acide docosahexaénoïque (DHA) pour 100 g et pour 100 kcal. Il faut par ailleurs que le consommateur soit informé que l’effet bénéfique est obtenu par la consommation journalière de 250 mg de DHA. Les études scientifiques montrent que cet acide gras essentiel :
- facilite l’apprentissage
- prévient les troubles de la mémoire
- préserve les capacités de concentration
- préviendrait le risque de développement de la maladie d’Alzheimer
Les vitamines, minéraux et composés antioxydants
Les nutriments suivants disposent de l’allégation “contribue au fonctionnement normal du système nerveux” définie dans l’annexe du règlement (CE) no 1924/2006 :
- Le magnésium
- Le potassium
- La niacine
- La biotine
- Le cuivre
- L’iode
- La thiamine (vitamine B1)
- La riboflavine (vitamine B2)
- La vitamine B6
- La vitamine B12
- La vitamine C
Les nutriments suivants disposent de l’allégation “contribue à une fonction cognitive normale” définie dans l’annexe du règlement (CE) no 1924/2006.
- Le zinc
- Le fer
- L’iode
- L’eau
Les nutriments sont également reconnus pour leurs propriétés cérébrales :
- L’acide pantothénique contribue à des performances intellectuelles normales.
- Les folates (vitamine B9) contribuent à des fonctions psychologiques normales.
- La vitamine A et ses précurseurs comme le bêta carotène permettent à l’organisme de produire l’acide rétinoïque, qui joue un rôle primordial dans la plasticité cérébrale et la formation de nouveaux neurones, donc intéressante pour les personnes âgées et celles souffrant de la maladie d’Alzheimer.
À lire également : Nutrition senior : les bénéfices des ingrédients laitiers utilisés pour lutter contre les pathologies des seniors.
Formuler des produits adaptés et innovants
Une réflexion globale autour de l’aliment
La prévention des maladies neurodégénératives par la nutrition s’étend au delà du simple choix d’ingrédients disposant d’allégations de santé. En effet, il est judicieux de mener une réflexion globale autour du produit en travaillant également sur le format, la texture et les apports nutritionnels. Chez ARMOR PROTÉINES, nos experts R&D prennent d'ailleurs toujours en compte les usages des personnes âgées dans leurs conseils de formulation produits !
Les individus souffrant de troubles neurologiques ne sont plus en mesure de s’alimenter de façon classique en raison des démences, des difficultés de préhension (tremblements) et des troubles de la mastication et de la déglutition.
C’est en cela que les marques et formulateurs R&D doivent adapter le format pour la préhension de la nourriture. On peut envisager ici un type de produit dont la formulation répond aux attentes du “Finger Food” pour les personnes atteintes d’Alzheimer par exemple. Le “Finger Food” (cf. tendances food 2018) a pour but de permettre aux personnes dépendantes et qui ont des difficultés à manier les couverts, de retrouver leur autonomie en se servant de leurs doigts pour manger.
Par ailleurs, afin de favoriser une bonne mastication et déglutition, la texture doit être adaptée. Ainsi, dans le cas d’une fausse route au liquide, on optera favorablement pour des produits solides et ainsi proposer des produits laitiers gélifiés, crèmes dessert, etc. Tandis que dans le cas d’une fausse route liée au solide, il est possible de s'interroger sur le développement de produits liquides.
Les personnes atteintes de maladies neurodégénératives peuvent perdre la notion du temps et des repas. Les protocoles de soins proposent alors d'augmenter la disponibilité alimentaire avec des mini-collations avec de mini-formats, à portée de main toute la journée. Or cela implique que les aliments soient exposés aux températures ambiantes. Les formulateurs R&D auront donc le challenge de développer des produits sanitairement stables.
A cela s’ajoute la qualité nutritionnelle du produit car les démences s’accompagnent de perte de mémoire, de repères spatio-temporels et d’appétit. Le format des repas est souvent modifié. Les produits doivent donc avoir une bonne densité énergétique et micronutritionnelle pour un faible volume d’aliment. Cela permet d’intervenir d’une part, dans le maintien des facultés intellectuelles et d’autre part, dans la prévention de la dénutrition protéino-énergétique.
Enfin, les spécialistes R&D pourront, dans une dynamique de construction de gamme, innover au niveau organoleptique. Il s’agit alors de savoir comment développer des goûts et des associations de saveurs.
Armor Protéines, un partenaire fabricant D'ingrédients laitiers pour la formulation d’aliments destinés aux seniors
Armor Protéines propose des ingrédients laitiers permettant d’élaborer des produits correspondant véritablement aux besoins des seniors. Ces préparations permettent d’élaborer des solutions alimentaires aux excellentes propriétés nutritionnelles et fonctionnelles.
Armor Protéines dispose de plusieurs gammes de protéines laitières élaborées en totale conformité avec les secteurs de la diététique, de la santé et des industries agroalimentaires.
Pour aller plus loin : découvrez notre ebook “Nutrition senior : les solutions adaptées aux besoins de différentes typologies de seniors et à leurs principales conditions santé”.
Pour en savoir plus…
- Les troubles neurologiques affectent des millions de personnes dans le monde: rapport de l'OMS
- Qu’est-ce que les troubles neurologiques ?
- Maladies à prions - INSERM
- Maladie à prions - Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM)
- Fédération pour la recherche sur le cerveau
- Alimentation et maladie neurodégénératives (FRC)
- EBC (European Brain Council)
- FRC (Fédération pour la Recherche sur le Cerveau)
- UNAFTC (Union Nationale des Associations de Familles de Traumatisés Crâniens et cérébro-lésés)
- «Protein content and methyl donors in maternal diet interact to influence the proliferation rate and cell fate of neural stem cells in rat hippocampus.» Amarger V, Lecouillard A, Ancellet L, Grit I, Castellano B, Hulin P and Parnet P. Nutrients 2014, 6, 4200-4217.
- «Fruit and vegetable intake and the risk of cardiovascular disease, total cancer and all-cause mortality–a systematic review and dose-response meta-analysis of prospective studies.» Dagfinn Aune et al. International Journal of Epidemiology published online 22 feb. 2017.
- DOI: https://doi.org/10.1093/ije/dyw319
- Programme national nutrition santé (PNNS) http://www.mangerbouger.fr/
- Laboratoire nutrition et neurobiologie intégrée (Bordeaux) http://www6.bordeaux-aquitaine.inra.fr/nutrineuro
- Anses : agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail : https://www.anses.fr/fr
- «Healthy Eating Plate» publié par le département de santé publique de l’université Harvard : https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/healthy-eating-plate/
- https://neurodiscovery.harvard.edu