La production laitière mondiale est peu dynamique en 2019
La production laitière des grandes zones exportatrices de produits laitiers a été globalement peu dynamique en 2019. Au global, l’évolution de la production laitière mondiale est estimée à + 2,1% en 2019, c’est-à-dire 18 millions de tonnes de lait supplémentaires par rapport à 2018.
Si l’on s’intéresse de plus près à l’évolution dans les différentes zones de production laitière mondiales :
- La production laitière de la Nouvelle-Zélande a baissé de 0,7% en 2019, à cause des contraintes environnementales, de conditions climatiques défavorables et de paramètres économiques difficiles pour les producteurs de lait.
- En Australie, la production laitière s’effondre de 6,6% à cause d’une sévère sécheresse, un phénomène récurrent depuis 15 ans dans ce pays.
- Aux Etats-Unis, du fait des difficultés économiques des producteurs de lait, la croissance de la production laitière a été quasi nulle en 2019 avec + 0,2% seulement.
- Parmi ces grands exportateurs mondiaux de produits laitiers, l’Union européenne a connu en 2019 la croissance la plus forte avec une hausse de 0,5%.
La situation en Europe
Cependant, la production laitière européenne n’a augmenté que de 0,5% en 2019, après + 1,1% en 2018. Le ralentissement de la croissance est perceptible dans la plupart des pays de l’Union européenne.
Seuls 3 pays européens se distinguent encore en 2019 pour la croissance de leur production laitière : l’Irlande (+ 6,0%), l’Espagne (+ 2,0%) et la Pologne (+ 1,8%). Les autres grands pays laitiers : Allemagne (- 0,1%), France (- 0,2%), Pays-Bas (- 0,7%), Italie (- 0,9%) et Danemark (- 0,1%) semblent avoir épuisé leur potentiel de croissance, 4 ans après la fin des quotas laitiers.
La demande mondiale en produits laitiers continue sa progression
Simultanément, la demande mondiale de produits laitiers est restée très dynamique en 2019 :
- Les exportations de poudre de lait écrémé des 10 premiers exportateurs mondiaux ont progressé de + 6% en 2019.
- Pour le beurre, la progression est identique : + 6%.
- La progression a été plus modeste mais réelle pour les poudres grasses: + 3%.
- Enfin, le marché mondial des fromages a progressé de + 4% en 2019, au vu des chiffres des principaux exportateurs mondiaux.
- Seul, le marché mondial du lactosérum et dérivés a reculé (- 7%) à cause de la chute du cheptel porcin chinois affecté par la fièvre porcine africaine, gros consommateur de lactosérum.
La Chine, premier importateur mondial de produits laitiers, a continué d’augmenter ses importations à un rythme très soutenu. Même si le coronavirus affecte la consommation et les circuits logistiques sur le marché chinois à court terme, le potentiel de croissance de la consommation de produits laitiers en Chine demeure intact.
En 2019, la consommation mondiale de produits laitiers exprimée en équivalents-lait a été supérieure à la production laitière, grâce au maintien d’une demande vigoureuse de produits laitiers sur la plupart des marchés, en particulier en Asie.
En conséquence, les stocks de poudre de lait accumulés en particulier dans l’Union européenne lors de la surproduction des années 2014 à 2016 ont été remis sur le marché et consommés.
Marché mondial de la poudre de lait écrémé
Le cours mondial de la poudre de lait écrémé s’est spectaculairement redressé en 2019, passant de 2 180 €/t en janvier à 2 750 €/t en décembre, après trois années de surproduction. Le stock public européen à l’intervention de 380 000 tonnes a été complètement résorbé en 2019, principalement à travers des exportations européennes record sur le marché mondial (980 000 tonnes).
Dans l’Union européenne, une évolution similaire a été constatée en 2019 et la cotation française ATLA de la poudre de lait écrémé pour consommation animale est passée de 1 930 €/t en janvier 2019 à 2 650 €/t en janvier 2020.
Marché mondial du beurre
Sur le marché de la matière grasse laitière, le cours mondial du beurre a connu un accès de fièvre au 2ème trimestre 2019, montant jusqu’à 5 140 €/t en mai, avec de retomber à 3 474 €/t en décembre, son niveau de début 2019. Le marché mondial du beurre est revenu à l’équilibre en 2019 après la flambée des prix entrainée par la pénurie de beurre en 2017 et 2018.
Dans l’Union européenne, la cotation du beurre vrac industriel s’est maintenue depuis août 2019 à un niveau d’équilibre autour de 3 500 €/t. Sur cette période, le redémarrage des exportations de beurre sur pays tiers a contribué à tendre le marché du beurre malgré des fabrications européennes en hausse en 2019.
Des exportations européennes de produits laitiers en hausse en 2019
Les exportations européennes de produits laitiers ont largement progressé en 2019, profitant du recul ou de la très faible croissance de la production laitière des principaux exportateurs mondiaux. Ainsi, les exportations européennes ont vivement augmenté en volumes en 2019 pour la poudre de lait écrémé (+ 18%), le beurre (+ 35%), les fromages (+ 6%), les caséines (+ 10%), les protéines laitières (+ 8%) et le lait liquide (+ 10%). Les exports européens de poudres grasses ont poursuivi leur déclin (- 11%) en 2019.
Effritement de la production laitière française en 2019
La collecte laitière française a de nouveau baissé de 0,2% en 2019 comme en 2018, malgré des conditions météo généralement plus favorables qu’en 2018. La filière laitière française est engagée dans une démarche d’amélioration de la valeur ajoutée avec des laits différenciés, peu compatible avec une croissance des volumes.
Sur l’année 2019, le prix du lait moyen en France a gagné 10 €/1000 litres (+ 3%) en moyenne par rapport à 2018, et, avec 335 €/1000 litres pour le lait conventionnel, a atteint son plus haut niveau depuis 2014. Le redressement du cours de la poudre de lait écrémé explique en grande partie cette hausse du prix du lait, bienvenue pour les producteurs de lait.
Des exportations françaises de produits laitiers en hausse en 2019
En 2019, les exportations françaises de produits laitiers sont reparties en hausse en valeur (+ 3,5%), du fait du redressement des cours des protéines laitières. Les exportations françaises de poudre de lait écrémé se sont envolées en 2019 avec une progression de 21% en volume et de 51% en valeur. Tous les types de protéines laitières : poudre de lait écrémé, caséines et caséinates, poudre de lactosérum ont vu leurs exportations progresser en valeur en 2019.
Perspectives des marchés laitiers en 2020
Début 2020, les perspectives pour l’année 2020 étaient très favorables avec des fondamentaux revenus au vert sur l’ensemble des marchés laitiers. Le marché des protéines laitières s’annonçait tendu en 2020, entre le maintien d’une forte demande, une production laitière en hausse modérée et la disparition des stocks européens de poudre de lait écrémé. Pour la matière grasse laitière, le marché était attendu en équilibre en 2020, avec des prix plus modérés que durant la flambée de 2017-2018 qui permettent à la consommation de repartir à la hausse en 2020. Le marché mondial des fromages s’annonce aussi très bien orienté avec une progression continue de la demande. Dans ces conditions, les prix mondiaux des commodités laitières s’annonçaient en hausse sur l’année
Mais à partir de janvier 2020, l’épidémie de coronavirus a pratiquement bloqué la logistique et réduit la consommation de produits laitiers en Chine, 1er importateur mondial de produits laitiers. L’extension du coronavirus au monde entier sous forme de pandémie impacte négativement ces prévisions favorables, en particulier sur le marché des poudres de lait. Avec le confinement qui s’étend dans de nombreux pays, les habitudes de consommation et les flux logistiques sont perturbés : les ventes dans la restauration hors foyer s’effondrent au profit de la grande distribution dont les ventes explosent.
Il faut maintenant attendre la fin de la pandémie pour que les marchés laitiers reviennent, probablement au 2ème semestre 2020, sur leurs fondamentaux qui, rappelons-le, demeurent favorables : une production laitière modérée, une hausse continuelle de la demande et des prix plutôt élevés par rapport à l’historique.