Chaque année l’ATLA (l’association de la transformation laitière française) publie son bilan économique annuel sur les marchés laitiers. Elle a publié en avril celui de l’année 2018 et les perspectives 2019.
Cet article vous propose une analyse des éléments les plus importants à retenir de ce bilan et les perspectives pour l’année 2019 sur les marchés laitiers.
Le marché des produits laitiers en 2018
Au niveau mondial
L’année 2018 a été marquée par une forte croissance de la demande sur le marché laitier mondial, en déséquilibre avec une offre de lait inférieure à la demande, ce qui n’était pas arrivé depuis 5 ans. Ceci a permis de réduire les stocks mondiaux de produits laitiers et notamment les stocks européens de poudre de lait écrémé à l’intervention publique.
Le marché français
Concernant le marché français de grande consommation, on assiste à de grandes différences entre segments laitiers :
- Les ventes en grande distribution du lait de consommation et de l’ultra-frais continuent de baisser, respectivement -3,4% et -2.4% en volume.
- A l’inverse, le marché des fromages libre-service progresse à +0.8% en volume et même +3.5% en valeur.
- Les ventes de beurre et de crème dans la grande distribution baissent en volumes (respectivement -2,7% et -0.2%) mais progressent fortement en valeur (+11,2% et +5%).
Les augmentations en valeur s’expliquent par la hausse des prix de vente aux consommateurs à +2.,1% en moyenne en 2018. Cette hausse est tirée en particulier par la hausse du prix du beurre, qui a flambé pendant 2 ans (2017 et 2018) dans un contexte de pénurie de matière grasse laitière.
Qu’en est-il pour les ingrédients ?
La poudre écrémée est considérée comme le produit de référence pour comprendre l’évolution du marché des protéines laitières, c’est son évolution que nous allons regarder dès à présent.
La demande mondiale de poudre de lait écrémée est en forte progression à + 5% sur l’année 2018 avec une progression des exportations mondiales de 118 000 tonnes sur l’année.
Cette évolution positive du marché a permis la disparition des 380 000 tonnes de stocks européens de poudre d’intervention qui ont été remis en totalité sur le marché. La cotation a donc repris des couleurs début 2019 par rapport au plus bas historique atteint en début d’année 2018.
La cotation de la poudre de lait entier qui dépend des prix respectifs du beurre et de la poudre écrémée reste assez stable sur l’année 2018 et début 2019, légèrement en deçà du niveau moyen de 2017.
La cotation de la poudre de lactosérum quant à elle était également en hausse depuis début 2018, après un épisode de forte chute en 2017, mais les perspectives actuelles sont plus incertaines avec la réduction du cheptel porcin chinois à la suite de la fièvre porcine africaine.
En France, les fabrications d’ingrédients laitiers en poudres se sont contractées en 2018 à cause de la baisse de la collecte laitière française, sauf pour les caséines qui s’en sortent mieux avec une hausse de +2,8%.
Au niveau des exportations françaises de produits laitiers, seules les caséines sont en hausse sur le marché des ingrédients en 2018.
Et des perspectives 2019 INCERTAINES
Sur début 2019, la production de lait est relativement limitée en Europe à cause des difficultés climatiques : les fortes chaleurs et le manque d’eau affectent la production laitière en France et en Europe depuis plusieurs semaines. Ceci pénalise la production d’herbe et de fourrages et continuera de peser sur la production laitière en France et en Europe.
Sur le marché des ingrédients, la demande en protéines laitières reste dynamique au niveau mondial. On peut donc prévoir un marché en tension au deuxième semestre 2019 et des prix qui devraient repartir à la hausse.
Les perspectives des marchés sur le second semestre 2019 restent marquées par l’incertitude sur l’issue du Brexit. Prévue à l'échéance de fin octobre, avec un risque élevé de Brexit dur, la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne pourrait se faire sans accord sur le maintien d’une zone de libre-échange sur les droits à l’importation.