Le locavorisme fait chaque jour de nouveaux adeptes parmi les consommateurs... et les marques suivent ! Ce concept encourage la consommation de produits locaux et de saison. Il ambitionne d’améliorer la qualité de notre alimentation, de notre santé, ainsi que de notre impact social et environnemental.
Le retour aux produits locaux et de saison
160 km !
C’est le trajet maximal recommandé pour chaque aliment qui arrive dans votre assiette selon le principe du locavorisme. Né en 2005 aux Etats-Unis dans un contexte de mondialisation fort et de méfiance alimentaire due aux crises sanitaires, ce concept de consommation durable promeut une alimentation à base de produits locaux et de saison.
Effet de mode ?
Le locavorisme est une nouvelle tendance… très ancienne. En effet, consommer des aliments locaux issus de son jardin, des producteurs ou des maraîchers du village était le modèle alimentaire traditionnel avant la mondialisation, la pollution des échanges de marchandises à travers le globe et le développement de l’agriculture intensive dopée aux produits phytosanitaires. Devant cette perte de sens, les consciences s’élèvent et des consommateurs prennent position avec des achats locaux militants. Tout porte à croire que le locavorisme va continuer de se développer. Le journaliste Benjamin Carle s’était lancé un défi en 2014 : vivre 100 % français pendant un an. Sa difficulté majeure a été de s’approvisionner en produits français, face à une concurrence mondiale . Mais aujourd’hui, le marché des produits locaux s’est considérablement développé devant la demande des consommateurs.
Pourquoi devenir locavore ?
Plus qu’une question de kilomètres …
Le locavorisme ne se résume pas qu’à un périmètre d’approvisionnement limité. Il vise à développer un commerce de proximité, dit de “circuits ultra-courts”, entre le producteur et le consommateur. Dans cette relation nouvelle d’échange, ils apprennent à se connaître et à se faire confiance. Les producteurs peuvent retrouver des marges décentes pour vivre dignement de leur travail. Exit les intermédiaires, le consommateur peut alors s’offrir, pour le même prix, des produits de meilleure qualité et de grande fraîcheur.
Le locavorisme encourage la consommation de produits de saison. Les fruits et légumes sont cueillis à pleine maturité, ils sont gorgés de vitamines et représentent une moindre empreinte carbone. En opposition à l'hyper-consumérisme mondialiste, le locavorisme s’inscrit également dans un modèle de consommation viable et durable. Consommer local et de saison, c’est aussi contribuer à sa santé et à celle de l’environnement.
Un droit de regard plus direct sur la qualité
Un locavore a de grandes chances de venir visiter son fournisseur et de vérifier au passage les conditions de production de ses produits... La proximité permet en effet de vérifier la véracité de certaines allégations figurant sur l'emballage ou sur les étals. Le locavorisme tend à retrouver une consommation de qualité qui permet au consommateur de savoir exactement ce que contient le produit, qui l’a réalisé et dans quelles conditions.
Comment devenir un bon locavore ?
Munissez-vous de vos lunettes et de vos baskets. Vous en aurez besoin pour aller à la rencontre des producteurs qui vendent de bons produits de saison et locaux, dans leurs exploitations ou au marché. Vos lunettes sur le nez, vous pourrez relever le challenge de décrypter les étiquettes de vos produits préférés afin d’étudier leur provenance et l’origine des ingrédients qui les composent.
Connaissez-vous les AMAP ? Ces Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne sont des regroupements de consommateurs et de producteurs. Selon un système d’abonnements, ils s’engagent ensemble sur l’achat de produits de saison. Tout le monde est gagnant dans cette démarche : un revenu régulier et décent pour le producteur grâce à une production vendue d’avance, des prix corrects et des produits ultra-frais pour le consommateur.
Devenez un locavore 2.0 ! Internet a permis l’éclosion de nombreuses initiatives qui favorisent et simplifient la consommation de produits locaux et de saison, sans intermédiaires. Quelques exemples, pour ne citer que les plus connues : “La Ruche qui dit Oui”, une plateforme web mettant en relation producteurs locaux et consommateurs, l’application mobile “Too Good to Go”, qui permet aux consommateurs de réserver des paniers de produits en date courte chez leur commerçant de proximité, “le Panier du Potager”, une plateforme de mise en relation entre locavores ou encore, le site “Mon potager.com” qui permet aux citadins d’acheter la production de fruits et légumes d’une exploitation.
Quelles incidences pour les marques ?
Des positionnements sur le local, le régional ou le “made in France”
De nombreuses marques et filières se sont positionnées sur le “local”, le “régional” ou le “made in France”. Il est désormais possible de porter un slip ou un jean français et de manger du caramel breton ou du chocolat français.
D’autres acteurs valorisent des territoires plus précis, comme Saint James, marque créée d’après le nom d’un village normand qui produit, depuis 1850, des vêtements de qualité grâce à la laine des moutons dits de prés-salés. Autre exemple, celui du Coq Tocqué qui valorise un terroir et fabrique des cidres et des jus de pommes 100% normands.
Certaines marques vont encore plus loin en conciliant approvisionnement et production locaux avec durabilité et démarche RSE. C’est le cas de Chez ce cher Serge, le trublion de l’épicerie fine. Ses gammes “made in France” affichent “on pack” un impact environnemental réduit en choisissant des fournisseurs de matières premières implantés à proximité des transformateurs. Ainsi le champ de blé et le meunier sont à seulement 60 km des ateliers de cuisine.
Les régions surfent également sur la tendance du locavorisme. La région Alsace a lancé une marque “Savourez l’Alsace” apposée sur les produits alsaciens.
Les distributeurs ont bien compris, quant à eux, les attentes fortes des consommateurs… et le potentiel commercial qui va avec! Leclerc a ainsi conçu une gamme de terroir baptisée “Nos régions ont du talent”, Super U a lancé “Les produits de vos régions”, quant à Carrefour, il cartonne avec “Reflets de France”.
Le challenge de se positionner et d’innover avec le local
Il se trouve que la tendance du locavorisme est une réelle opportunité pour les PME et les TPE. Ce phénomène leur permet en effet de sortir de l’ombre et de promouvoir leur savoir-faire et leurs produits tout en se défaisant du carcan de la grande distribution.
Pour les acteurs de l’agroalimentaire enfin, formuler des produits au moyen d’ingrédients locaux, repenser un approvisionnement local pour se fournir en matières premières comme pour concevoir le packaging, anticiper l’innovation de produits avec cet angle local et de saison, sont autant de démarches qui constituent un véritable challenge.